Les nouvelles tours du New York

http://www.gqmagazine.fr/pop-culture/gq-enquete/articles/enquete-sur-limmobilier-a-new-york/27313

VUE CENTRAL PARK – 86 MILLIONS $ (HORS FRAIS D’AGENCE)

PAR FABRICE ROUSSELOT

La 57e rue fait exploser la skyline de New York. Ses nouvelles tours, démesurées, s’érigent en ghettos de luxe pour nantis, qui n’y séjourneront qu’une semaine par an. Les autres, eux, devront subir l’ombre de ces géants d’acier et la spéculation immobilière. Pour comprendre les enjeux de cette mue, GQ s’est hissé haut, très haut à Manhattan.

Après dix minutes d’ascension, casque de chantier vissé sur la tête, dans un ascenseur en ferraille brinquebalant, nous parvenons au 78e étage du 432 Park Avenue. 365 mètres plus bas, les taxis jaunes ne sont désormais pas plus gros qu’un demi-ongle. Sujets au vertige, s’abstenir ! Au-dessus des nuages, les règles de sécurité sont impitoyables et les visites, ultra-limitées. GQ est l’une des rares publications à avoir été autorisée à tutoyer le ciel. La « logique du luxe » que nous avait expliquée, pendant notre interminable ascension, Carol Willis, la directrice du Skyscraper Museum, nous explose au visage: une vue à 360 degrés sur Manhattan. L’étage entier sera occupé par un seul appartement de près de 800 mètres carrés, doté de 24 fenêtres ouvertes sur l’azur.

Le directeur des ventes qui nous accompagne, Richard Wallgren, fait remarquer, parfaitement sérieux: « À plusieurs centaines de kilomètres, tout au nord, la ligne d’horizon n’est pas droite mais concave. Comme si on observait la planète depuis l’espace. » Et il a raison ! Ici, le prix des appartements navigue entre 6,2 et 86 millions d’euros, pour le penthouse du 96e et dernier étage. Les futurs propriétaires de cette tour (des industriels chinois ou russes, des princes du golfe persique, une poignée d’Américains dont l’anonymat est jalousement protégé par des sociétés civiles immobilières) sont si riches que certains étages seront destinés à loger leurs femmes de chambre, majordomes ou cuisiniers.

Fièvre immobilière
Chaque jour, depuis des mois et jusqu’à cet automne, cet ascenseur hisse 500 ouvriers au sommet du « 432 ». On repense à la fierté de Michael Briody, le héros des Bâtisseurs de l’Empire, le roman de Thomas Kelly paru en 2007 sur le chantier de l’Empire State Building: « Même les plus jeunes d’entre eux savaient pertinemment que dans plusieurs décennies ils se retourneraient pour dire: “C’est moi qui l’ai construit.” » Inauguré le 1er mai 1931, « l’Empire » culmine à 381 mètres. Cet automne, le « 432 » va atteindre 425 mètres, et devenir la plus haute tour résidentielle du monde occidental.

Pour l’instant. Car une fièvre immobilière et architecturale semble s’être emparée de la ville. Comme la nature, le luxe a horreur du vide. Alors, même si de nombreux immeubles n’offrent encore que leurs parois de béton entourées d’une bâche orange et bleu, il faut séduire et vendre. Tout à l’est de la 57e rue, le « 252 East 57th Street » n’est encore qu’une esquisse d’immeuble dont seuls trois étages de verre sortent à peine de terre. Ses 65 étages, conçus par Skidmore Owings & Merrill, les architectes qui ont bâti la tour Burj Khalifa (828 mètres) de Dubaï, devraient être terminés fin 2016, mais les ventes ont déjà commencé depuis des mois.

Retrouvez l’intégralité de notre reportage dans GQ – Septembre 2015

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