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Calendrier de l’avent : 10

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— Le pire, continua Peter est que tu n’as qu’une nuit pour nous aider. Demain matin, le Manhattanhenge sera fini et tu retrouveras ton monde de vivants.

Lisa poussa un soupir de soulagement, pendant un instant elle avait cru qu’elle demeurerait définitivement coincé avec les fantômes. Elle ne comprenait pas comment elle avait atterri ici, mais si elle pouvait revenir dans son monde, c’était un bon point.

Elle ouvrit la portière et sortit. Elle était bien dans son New York, mais il manquait la foule, les gens pressés, la circulation et même les odeurs de nourriture ou d’essence, sans parler du bruit des ambulances.

Peter lui fit signe de la suivre et ils se dirigèrent vers l’entrée de l’immense salle mythique qui avait vu défiler tous les plus grands artistes du monde, les matchs de basket, de hockey et les combats de boxe. La jeune femme faillit faire remarquer qu’ils n’avaient pas payé le taxi, mais l’argent ne devait plus avoir cours.

Calendrier d’ l’avent : 9

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Peter eut un petit rire.

            — Aucune idée, quand j’ai débarqué dans ce monde, mon protecteur m’a demandé si je voulais rester à New York ou si je voulais aller dans une autre ville. J’ai répondu que je ne me voyais pas vivre ailleurs qu’ici. Je te l’ai dit, je ne sais pas tout. Il existe des règles et j’en ai compris quelques-unes, d’autres m’échappent. Et c’est pour tous les morts pareils.

            Il marqua un nouveau temps mort et continua :

            — Je sais à qui tu penses. À ton père.

            Lisa hocha la tête affirmativement. Elle n’osait pas poser la question tant elle redoutait la réponse : voir ou ne pas voir son père, le résultat serait le même, de la tristesse.

            — Ton père ne se trouve pas à New York, dit calmement Peter.

            — Cela ne m’étonne pas, lâcha Lisa d’un air soulagé. Il disait toujours que cette ville était son enfer.

            — Je ne sais même pas s’il se trouve dans une autre ville ou ailleurs.

            — Ailleurs ?

            — Oui, quand notre période de purgatoire est finie, nous partons pour cet ailleurs, mais personne ne sait à quoi il correspond, car personne n’est jamais revenu pour le décrire.

            Des milliers de questions se bousculaient dans la tête de Lisa, mais elle préféra les garder pour elle ; plus tard, le temps serait plus propice pour les poser.

            — Et moi dans tout cela ? questionna-t-elle en se tournant vers l’ami de son père.

            — Nous avons besoin de toi. Tu dois nous aider à retrouver l’assassin de John Lennon.

            Lisa ne put s’empêcher de rire.

            — Tout le monde le connaît, il s’agit de Mark Chapman et aux dernières nouvelles, il se trouve toujours à la prison d’Attica. Toutes ses demandes de liberté conditionnelle ont été refusées.

            Peter hocha la tête avec un petit sourire crispé.

            — Je sais, mais tu oublies que tu n’es plus dans ton monde.

            Lisa posa machinalement la main sur le bras de Peter, mais elle ne rencontra aucune résistance et se retrouva à toucher sur la banquette. Le policier lui sourit.

            — Tu peux sentir les objets, mais pas les fantômes. Nous, on peut toucher les objets, la preuve il conduit son taxi, mais pas les vivants. Ne me demande pas pourquoi, je n’en sais rien. On s’y habitue vite.

            — OK, alors pourquoi je suis là ?

            — John Lennon a disparu avant-hier, dit-il. Et cela nous inquiète beaucoup.

            — Je ne comprends pas, répondit Lisa. J’avoue que je suis complètement perdue.

            — Qui ne le serait pas ? Je suis désolé de te brusquer, mais j’ai vraiment besoin de toi.

            Lisa poussa un long soupir. Elle n’acceptait toujours pas cette situation, mais pour l’instant elle devait se contenter d’agir comme si.

— Nous avons besoin de toi, insista Peter.

            — Pour retrouver l’assassin du fantôme de John Lennon ? dit-elle d’un ton ironique.

            Peter lâcha d’une voix douce que Lisa ne lui connaissait pas :

            — Tu as tout compris.

            — Pas tout. Par exemple comment un fantôme peut mourir ?

            — Justement, il ne peut pas. Pour simplifier, le jour où nous avons accompli notre peine dans ce purgatoire, une force nous pousse vers une porte. Ici, à New York, elle se trouve au bout du Brooklyn Bridge. Nous savons alors que notre temps est fini, nous passons la porte et fin de la partie.

— Et après ?

— Après, comme je te l’ai dit personne n’est revenu.

Une petite moue apparut sur le visage de Lisa, de nouvelles questions se bousculaient dans son esprit, rejoignant les anciennes, mais elle décida de les mettre de côté et d’accepter la situation telle qu’elle se présentait. De toute façon elle n’avait pas le choix.

— Nous arrivons, lança le chauffeur de taxi en se garant devant le Madison Square Garden.

À New York, un petit morceau de Governors Island comme cadeau de Noël

Par Rachel Brunet | Publié le 07/12/2020 à 19:08 | Mis à jour le 07/12/2020 à 19:26

Pour lire l’article : À New York, un petit morceau de Governors Island comme cadeau de Noël | lepetitjournal.com

Quoi de plus local et surprenant qu’un petit bout de Governors Island pour Noël ? Stop aux achats intempestifs, souvent inutiles, place aux cadeaux durables, éco-responsables et intelligents. Pour ce Noël 2020, l’île de Governors Island invite à offrir un petit bout d’elle-même en adoptant, au nom d’une chanceuse ou d’un chanceux, banc, chaise, fleur, hamac ou arbre. Mais pas que ! Il est aussi question de toutous… Des cadeaux uniques qui contribuent au dynamisme de l’île, et donc de New York.

Adoptez une rose japonaise

Elles sont des milliers à fleurir chaque année sur la petite colline aménagée sur Governors Island. On les appelle des roses japonaises, rosa rugosa ou beach rose. Cette espèce de rose est originaire d’Asie orientale, du nord-est de la Chine, du Japon, de la Corée et du sud-est de la Sibérie, où elle pousse, souvent sur les dunes de sable.

Vous pouvez (vous) offrir, pour $50, l’une d’entre elles. Un certificat personnalisé vous sera envoyé.

Adoptez un hibiscus

En période de floraison, il comporte une importante densité de fleurs. Il est tout particulièrement apprécié pour le panel de couleurs qu’il propose. Il se décline en effet en blanc, en jaune, en bleu, en pourpre, dans plusieurs teintes de rose et de fuchsia ainsi qu’en rouge. Le cœur des fleurs de l’hibiscus est généralement d’une autre couleur que les pétales. Governors Island regorge de cette somptueuse plante, notamment sur Liggett Terrace.

Vous pouvez (vous) offrir, pour $100, un de ces hibiscus. Un certificat personnalisé est fourni.

Soutenez l’équipe de chiens de Governors Island

Le coup de coeur de notre édition ! Il faut dire que nous avons un amour absolu pour nos amis à quatre pattes. Aussi, nous sommes ravis de vous annoncer que vous pouvez offrir à un amoureux des animaux de compagnie, un certificat de support pour la fine équipe de toutous qui contribuent à la propreté de l’île en empêchant les oies de venir y faire ce qu’elles font paisiblement dans tous les parcs de la ville… Grâce au travail de Max, Quinn, Chip et Aspen, Governor Island est un îlot propre de toutes déjections animales, du moins, de celles des oies…

Vous pouvez (vous) offrir ce soutien aux quatre acolytes pour $250. Un certificat de support est fourni.

Adoptez un hamac

Vous le sentez, le farniente ? Et pourquoi pas offrir un hamac à Noël ? Pas n’importe quel hamac, un hamac de Governors Island ! Vous aidez ainsi l’île à entretenir et à remplacer les si précieux hamacs afin que davantage de New-Yorkais puissent en profiter l’année prochaine. Oisiveté de rigueur ! Le cadeau, d’une valeur de $500, comprend une plaque nominative, au nom de votre heureux élu, pour la saison 2021, un certificat personnalisé et un abonnement « Supporter ». La classe, non pas à Dallas, mais à New York !

Adoptez une chaise 

Toujours dans le registre de la farniente, il faut dire que l’île s’y prête, Governors Island offre la possibilité d’adopter une chaise et d’y voir une plaque au nom de l’un de vos proches. Vous pouvez ainsi contribuer à voir davantage de chaises Adirondack éparpillées dans le parc en adoptant l’une d’entre elles. Le cadeau, d’une valeur de $1,000, comprend une plaque personnalisée pour la saison 2021, un certificat et un abonnement Supporter.

Adoptez une table de picnic

Une des activités favorites des New-Yorkais, une fois le beau temps installé sur la ville, le picnic ! Pour $2,500, vous pouvez offrir une table de picnic de Governors Island, du moins, y apposer le nom d’un proche, le vôtre, celui de votre famille, sur une des tables qui fleuriront sur Governor Island, une fois l’île réouverte au public pour la saison 2021. Le cadeau comprend une plaque personnalisée pour la saison 2021, un certificat et un abonnement Supporter.

Adoptez un arbre

Un cadeau pour les amoureux de la nature… L’adoption d’un arbre pour une durée de cinq ans. Ainsi, vous participez et soutenez le repeuplement de chênes, de cerisiers et des ormes d’Amérique sur Governors Island. Le cadeau comprend une plaque nominative pour 5 ans, une séance photo avec votre arbre et un certificat.

Lire sous « son » arbre, au printemps… Un vrai luxe à New York !

Adoptez un banc

Un cadeau durable, qui invite à la flânerie, au repos et à la contemplation. Tout un programme ! En adoptant un banc, vous participez à l’aménagement agréable et utile des grands espaces de l’île. Le cadeau, d’une valeur de $7,500 comprend une plaque personnalisée pour une durée de 5 ans, un certificat et un happy hour privé pendant la saison 2021.

Parce qu’au Petit Journal New York, nous ne proposons jamais de choses classiques et basiques…

Pour offrir un petit bout de Governors Island, cliquez ici

Pour un cadeau de Noël, il est conseillé de commander avant le 21 décembre 2020.

Calendrier de l’avent : 8

3

Manhattan

30 Mai 2012

08 h 32 pm

The taxi cabs driving me crazy

How come dey always leaving me

Oh yes the young man drive away

Quick quick when he hears me say

One twenty-fifth and Lenox please

Don’t you know

The taxi gone with the breeze

Sixteen miles I walk, walk, walk, walk

Waiting on a taxi here in New York

Harry Belafonte : New York Taxi

            — Je te dois des explications, dit Peter en prenant la main de Lisa.

            Complètement sonnée, elle ne répondit pas tout de suite et regarda par la vitre pour se donner un moment de réflexion. La 8th Avenue lui parut déserte. Pourtant à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, du monde se pressait sur les trottoirs. Même les roulottes de nourriture semblaient l’avoir désertée. Elle rêvait, ce n’était pas possible autrement. Elle s’éclaircit la gorge et se tourna vers l’ami de son père. Peter devina ses pensées et lui sourit.

            — Non, tu ne rêves pas, et je suis bien mort. Tu vois mon fantôme.

            — Si je ne rêve pas, dit Lisa à haute voix, si tu es mort, alors j’en déduis que je suis morte aussi. Un chauffard a voulu éviter les photographes, il m’a renversée et m’a tuée sur le coup. Toi, tu es venu m’accueillir comme le plus fidèle ami de la famille. Mais au lieu de marcher dans un tunnel blanc, nous roulons dans un taxi jaune sur la 8th Avenue en direction du Madison Square Garden qui doit être la porte du paradis, ou plutôt du purgatoire.

            Le sourire de Peter s’agrandit.

            — Excellente déduction, digne de la policière que tu es. Mais tu te trompes, tu ne rêves pas, tu es vivante et moi je suis bien mort.

            Lisa lui jeta un regard rempli d’incompréhension, son visage s’assombrit.

            — Alors, explique au lieu de te moquer de moi.

            — Promets-moi de ne pas m’interrompre avant que j’aie fini. Après tu pourras poser toutes les questions que tu veux. Et il est possible que je ne possède pas les réponses.

            Lisa hocha la tête tandis que le taxi se frayait un passage entre les rares voitures. Peter regarda droit devant lui et commença :

            — Tu es toujours dans New York, mais sur un autre plan. Ici, il n’y a des personnes mortes ou plutôt leurs fantômes. Nous vivons dans ce monde car notre mort a été brutale : assassinats, suicides, violences ou autres. Aucun de ceux que tu verras n’est mort de vieillesse dans son lit.

            Il marqua un temps. Lisa se mordit les lèvres pour ne pas prendre la parole.

            — Ne me demande pas trop pourquoi, continua Peter sans voir le trouble qu’affichait la jeune femme, je n’en sais rien. Quand je suis mort, je me suis retrouvé sur la 20th Rue et un autre policier m’attendait pour m’expliquer. Les morts sont plus accueillants que les vivants. Comme tu le vois, New York reste New York, je vis chez moi, mais seul, sans ma femme ni mes deux filles. Je porte le même costume depuis ma mort, il ne se salit jamais. Je passe mes journées à me promener et à discuter avec d’autres morts. Je n’avais jamais autant parlé de toute ma vie.

            Il s’arrêta à nouveau. Lisa resta un instant sans voix avant de lâcher :

            — Et cet état va durer longtemps ?

Calendrier de l’avent : 6

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2

Manhattan

30 Mai

08 H 30 PM

When you’re all alone and lonely
In your midnight hour
And you find that your soul
It has been up for sale

Lou Red : Coney Island Baby

Lisa franchit l’avenue et tomba sur une cinquantaine de personnes qui patientaient sur les trottoirs, le regard dirigé vers le fond de la rue. Elle remarqua que toutes prenaient des photos, soit avec des appareils, soit avec leur smartphone.

Elle rechercha la présence de policiers. Deux se trouvaient de l’autre côté de la rue. Un ancien au ventre proéminent et au visage fermé, à côté de lui se tenait un jeune dont cela devait être une des premières sorties. Deux autres, au milieu de l’avenue, géraient le trafic et un cinquième faisait circuler les passants qui s’agglutinaient.

La foule paraissait tranquille, pas de cris, pas de slogans, pas de mouvement brusque, aucune banderole revendicative comme cela arrivait de temps en temps à New York. Quelques personnes empiétaient maintenant légèrement sur les rues et commençaient à gêner la circulation.

Lisa pensa à la présence d’une star dans le quartier. Chelsea était réputé pour ses galeries artistiques, ses défilés de mannequins pour de grandes maisons de couture, pour ces jeunes stylistes qui se lançaient. Mais ce n’était pas la période de la fashion week, de la semaine de la mode. Simplement cette hypothèse pouvait expliquer expliquait cette foule et les photos

Elle sortit sa plaque de flic et s’approcha d’une personne qui filmait la scène.

— Lieutenant Kilpatrick, police de New York, lâcha-t-elle de sa voix dure. Pouvez-vous me dire ce qui se passe ici ?

L’homme haussa les sourcils puis fixa sa plaque. Son visage blêmit.

— Je n’ai rien fait, répondit-il d’une voix tremblante. J’attends le soleil, comme les autres.

Ce fut au tour de Lisa de le regarder avec surprise, elle n’attendait pas cette réponse.

— Le soleil ? demanda-t-elle sèchement.

Elle se rendit compte aussitôt de l’absurdité de sa question, mais son interlocuteur n’eut pas l’air de l’avoir remarquée.

— C’est le jour du Manhattanhenge, dit-il, dans environ trois minutes, le soleil couchant va se retrouver juste au milieu de la 14th Rue, dans un alignement parfait vers l’Ouest.

Le sourire revint sur le visage de Lisa, un simple attroupement pour photographier un phénomène rare à New York, tout était normal, pas de quoi s’affoler. Les souvenirs revinrent à sa mémoire.

Le tracé des rues de Manhattan datait de 1811 et respectait l’axe naturel de l’île. Seulement il existait un léger décalage, car celle-ci était inclinée de 29° par rapport à la verticale. Alors, vingt-deux jours avant le solstice d’été, le soleil se couchait dans l’axe des rues horizontales.

— On l’a baptisé ainsi en hommage à Stonehenge, continua le photographe. Toutes les villes du monde possèdent des rues et des couchers de soleil, mais New York est la seule à être sillonnée de rues symétriques bordées d’immeubles géants. Vous allez voir, le spectacle est de toute beauté. Surtout aujourd’hui car le ciel est limpide.

Lisa le remercia d’un geste de la tête. Elle décida de rester, elle pouvait se permettre de prendre quelques minutes.

— Le voilà ! hurla une voix.

Calendrier de l’avent : 5

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Le patron du bar était venu la voir pour lui proposer un engagement un soir par semaine, une demi-heure pour commencer, quand cela lui convenait. Lisa était partie d’un grand éclat de rire et avait refusé tout net. Elle n’imaginait pas un lieutenant de police de New York chantant dans un bar. Pourtant ses collègues l’avaient encouragée à accepter, chanter était mieux que garde du corps ou détective pour arrondir les fins de mois, afin de suppléer les salaires dérisoires de la police new-yorkaise.

Elle répondit qu’elle réfléchirait et qu’elle donnerait sa réponse le lendemain. Pendant toute la nuit, son esprit avait été en ébullition. Durant toutes ces années, elle s’était fait une raison, elle ne deviendrait jamais une star et aujourd’hui elle s’en moquait. Mais l’idée de reprendre la musique, de jouer devant une dizaine de personnes, même si certaines venaient pour l’alcool et la drague, la titillait.

Au petit matin, sa décision était irrévocable, elle accepterait la proposition, qu’importe le cachet que lui donnerait le patron du bar. Même si financièrement cela ne lui apporterait rien, sa santé mentale s’en porterait mieux. Pouvoir s’évader, même une demi-heure par semaine, de son travail, cela n’avait pas de prix.

Alors, depuis ce jour, un soir par semaine, en fonction de son planning et de sa fatigue aussi bien physique que mentale, elle jouait dans ce bar et il y avait de plus en plus d’affluence pour l’entendre. Le bouche-à-oreille fonctionnait à plein rendement.

Des articles sur des blogs parlaient de sa prestation et vantaient sa voix et son sens du rythme. Elle appréciait tous ces encouragements, mais évitait de prendre la grosse tête. Elle avait progressivement adapté son répertoire en fonction de ses goûts musicaux et maintenant elle chantait surtout des chansons sur New York. La ville avait attiré de nombreux compositeurs de tous genres, jazz, rock, rap, blues et autres. Elle n’avait que l’embarras du choix pour piocher dans cette liste pratiquement infinie.

Une sirène d’ambulance la ramena à la réalité. Encore un bruit typique de cette ville, pensa-t-elle. Revoir son passé avait réussi à chasser l’image de la femme morte. Elle finit son café qui avait refroidi, regarda sa montre. Elle était toujours dans les temps et puis, si elle avait une poignée de minutes de retard, ce ne serait pas catastrophique. Les spectateurs ne dévasteraient pas le bar et les retards étaient dans les gènes des artistes.

Elle jeta le gobelet dans la poubelle et quitta le Starbuck. Elle marcha, sans se presser, jusqu’à l’intersection entre la 8th Avenue et la 14th Rue où elle attendit que le feu passe au vert pour traverser. Elle remarqua un attroupement de l’autre côté. Elle haussa les sourcils, aussitôt son instinct de flic reprit le dessus.

calendrier de l’avent : 4

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Elle pensait avoir tout oublié de ses dix années de souffrance à marteler les gammes sur la table de la cuisine avec les touches en bois confectionnées par son père pour son entraînement.

Sans s’en rendre compte, ses doigts s’étaient posés d’eux-mêmes sur les touches avant de les enfoncer et de courir sur le clavier, contents de retrouver un lieu connu qu’ils croyaient perdu à jamais.

Les sensations étaient revenues d’elles-mêmes. Lisa avait joué des morceaux de Chopin, de Mozart avant de changer de registre avec les Beatles puis Elton John, sans voir le temps passer, pour terminer par Imagine de John Lennon qu’elle avait chanté à sa plus grande surprise.

Au début, sa mère avait été sa seule spectatrice ou plutôt admiratrice, puis, morceau après morceau, les discussions s’étaient éteintes dans le restaurant, des clients s’étaient approchés du piano après avoir réglé l’addition, les serveurs s’arrêtaient pour l’écouter. Après avoir plaqué les derniers accords d’Imagine, elle s’était levée et avait fondu en pleurs dans les bras de sa mère et l’avait remerciée en essuyant maladroitement les larmes qui coulaient sur ses joues.

Quand elle avait quitté les bras de sa mère, elle avait regardé le piano en se demandant ce qu’il allait devenir. Au bout d’une seconde de réflexion, sa décision était prise, elle ne refuserait pas ce cadeau.

Le plus dur fut de le transporter dans son appartement au 3° étage. Sa mère l’avait acheté dans une boutique à côté du restaurant et elle avait trouvé originale l’idée de le lui donner dans ce lieu, sans se soucier de la suite. Lisa avait demandé à plusieurs de ses collègues, des costauds, de l’aider et tous avaient accepté sans rechigner.

Plusieurs fois, elle avait cru le voir s’écraser au fond de la cage d’escalier, mais finalement l’instrument était arrivé à bon port. Elle l’avait installé contre le mur donnant sur une cour intérieure et avait prévenu ses voisins qu’elle risquait d’en jouer, mais tous l’avaient rassurée en lui disant que s’il n’y avait pas trop de fausses notes, ils ne se plaindraient pas. Elle avait répondu qu’elle ferait de son mieux.

Pendant une semaine, elle n’y avait pas touché ; quand elle rentrait du commissariat, épuisée de sa journée ou de sa nuit, elle ne se sentait pas la force de jouer. Et puis une question demeurait lancinante dans son esprit : jouer pour quoi, pour qui ? Pour elle, pour les voisins, pour sa mère ? Elle ressentait vis-à-vis de l’instrument un mélange d’excitation et de haine. Il représentait à la fois tout ce qu’elle aimait, mais aussi l’échec de sa vie. L’échec d’être passée à côté d’une grande carrière ou du moins de vivre ou de survivre de sa passion. Ce cadeau était vraiment empoisonné, car tous les jours il lui rappelait ce qu’elle aurait pu être et ce qu’elle était devenue.

Et brutalement, l’amour de la musique remplaça la colère. Après une journée difficile où elle n’avait pas réussi à convaincre un violeur d’avouer et où son avocat, issu d’un grand cabinet, avait mis en pièces son enquête, elle s’était défoulée sur son piano à jouer des airs de jazz et même à laisser libre cours à son imagination.

Les jours suivants, elle avait pianoté pendant un quart d’heure. Elle avait acheté des partitions et le plaisir était revenu petit à petit. Même si elle avait tiré une croix sur sa carrière, elle avait compris qu’abandonner le piano et la chanson avait été une grave erreur.

Après la musique, elle s’était mise à chanter. Au début, elle avait eu du mal, sa voix rauque, saccadée, avait perdu son timbre limpide. Mais Lisa s’était forcée pour retrouver la tonalité de ses vingt ans. Ces moments l’apaisaient et elle oubliait la dureté de son métier. Pendant toutes ces minutes, elle ne pensait plus aux morts, aux tueurs et à toutes les saletés qu’elle nettoyait. Tout cela disparaissait provisoirement de sa mémoire.

Un soir, alors qu’elle buvait une Brooklyn Beer dans un bar de la 9th Avenue avec ses collègues, elle s’était levée sans réfléchir pour s’approcher d’un piano qui attendait désespérément qu’une personne veuille jouer. Elle se moqua complètement des remarques qu’allaient lui lancer les habitués et joua au feeling.

Après le premier morceau, un nocturne de Chopin, elle attaqua Streets of New York de Willie Nile, et se mit à la chanter, les paroles venant d’elles-mêmes. Quand elle eut terminé, tous les présents l’applaudirent et lui demandèrent une autre chanson. Elle avait embrayé sur le standard New York, New York immortalisé entre autres par Franck Sinatra ou Lisa Minnelli. La puissance de sa voix avait empli le bar et elle avait fini sans forcer cette chanson qui était presque sa vie.

Ses collègues avaient réclamé un rappel, mais elle avait refusé pour retourner à sa place et terminer sa bière.

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Je me présente, Romain ! Je suis le fondateur de Boutique New York. J’ai créé cette boutique en ligne car depuis toujours je suis passionné des Etats Unis D’Amérique. Tout l’univers américain me rend dingue … c’est pourquoi j’ai décidé de vous proposer tous les meilleures articles, décorations, vêtements, accessoires et bijoux aux designs typiquement américain.

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Décorer une maison avec de l’art américain peut être une opération coûteuse, surtout si vous utilisez des pièces importées.

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